Archives de catégorie : conseils d’Osmiculture

Témoignage d’un professionnel de Permaculture

Voici une transcription des paroles de Magali (l'Arbre à Poule, de Villers St. Paul ) fait par une de ses coéquipières sur la production de fruits en 2016, l’année ou une population importante d'abeilles maçonnes (1200 individus) a été relâchée,  sur la ferme, pour la première fois.

Cette population venait d'un surplus d'abeilles (Osmia cornuta) que j'avais de mon élevage à Villers St Barthélemy à 58km de distance. J'avais enfin obtenu une récolte de 20,000 cocons pour la première fois après avoir bien maîtrisé l’accroissement des populations locales. Je cherchais un autre projet bio, relativement proche, pour faire un deuxième test de  pollinisation. A voir le premier témoignage d'un professionnel sur l’efficacité de la pollinisation des Osmia cornuta , notre premier projet dans le Var.

La peau des fruits était plus épaisse, dure, régulière et moins abîmée; Il y a eu une meilleure conservation des fruits par rapport aux autres années, dans les mêmes conditions de stockage; les pépins sont mieux développés, réguliers, et sont tous identiques; il y a également eu moins de perte (chute); ce fut une bonne année avec beaucoup de fruits.” - 2016

Voici leur page où notre collaboration - qui continue en 2018 - est mentionné.

 

 

 

Témoignage d’un arboriculteur professionnel (2014)

"Dans ma parcelle d’abricotiers de 0.8 ha composée de plusieurs variétés (Hargrand, Tomcot, Sweet red, Orangered...), dont certaines auto-stériles (Sweet red, Orangered), nous avons installé un abri central renfermant autour de 550 abeilles sauvages que vous nous avez transmises qui sont venues se rajouter aux quelques unes récupérées dans les abris. Un peu plus loin (20 m et 50 m), nous avons installé 2 cabanes refuge pour accueillir les abeilles égarées ou ne souhaitant pas revenir à l’abri central et qui ont pu s’installer dans des bambous [renouer du Japon] et tube en carton mis à leur disposition.

Avec bien du retard, nous avons recueilli les abeilles dans leurs pupes (17/01/2015) : 151 individus dans les cabanes éloignées (122 mâles et 29 femelles) et 319 individus dans l’abri central (2 Dortoirs) soit 470 individus. On a pu observer que beaucoup d’individus ont été parasité ou mangé par d’autres insectes (une cinquantaine ?), chose qu’on aurait probablement évité si les pupes avaient été mises à l’abri plus tôt. Dans les abris, on a pu retrouver des larves orange de coléoptères, gendarmes, bourdon et guêpes. Et d’après vous, des auxiliaires consommateurs de sauterelles [Isodontia mexicana], une bonne nouvelle pour moi vu que cet insecte sévit de plus en plus dans les vergers.

Venons au résultat sur la production. Même si l’année était favorable à une meilleure pollinisation et production (alternance en 2013 + vergers voisins bien pollinisés en 2014), j’ai commercialisé 6000 kg en 2014 contre 3500 en 2013.

J’ai apprécié cette expérience pour plusieurs raisons :

  •  le producteur de fruits que je suis a besoin de partenaires pollinisateurs pour avoir de belles récoltes et cette  année, il semblerait que le résultat soit déjà là.
  • autrefois je louais des ruches à un ami apiculteur bio mais ça n’a pas été nécessaire cette année
  • à terme, mais assez rapidement tout de même, on installe une population naturelle et locale d’abeilles sauvages, plus efficace en plusieurs points que les abeilles mellifères (plus robustes, travaillant plus tôt et une meilleure qualité de pollinisation,...).

Même si l’expérience est passionnante et parce que je suis bien occupé par ailleurs, je n’ai pas eu les moyens de faire ça comme il faut (comptages aléatoires, retrait tardifs des abris, récoltes tardives de pupes,...) et malgré tout,  les résultats sont encourageants.

J’ai fais copie du mail à Fleur Moirot d’Agribiodrome et des personnes du GRAB (sur le point de faire leur commission d’orientation des expérimentations 2015) pour stimuler si possible un appuis au suivi de prochaines expérimentations (chez moi ou ailleurs).

En vous remerciant pour votre aide précieuse et dans l’attente de réfléchir ensemble aux actions à mener cette année."

Une situation très préoccupante pour les hyménoptères

Voici la deuxième partie de ma dernière communication aux réseaux d'Osmiculteurs en mars, pour lancer une alerte et une discussion ou un débat :

"Deux sociétés (une société française et une suisse) commencent à importer systématiquement des cocons d'abeilles de lointains pays (du Canada, d' Italie, d' Allemagne et probablement d'autres pays de l'Est de l'Europe), des actes très dangereux pour l’environnement global des pollinisatrices.

La raison principale est dûe au fait que les abeilles solitaires (maçonnes et tapissières) étaient auparavant isolées depuis des millions d'années dans chaque région. En mélangeant d'une façon systématique des abeilles régionales avec celles issues d'importations, et selon les d'études scientifiques déjà faites, elles courent des risques énormes de futures épidémies causées par des virus et des bactéries inconnues aux populations, qui entrent en contact avec ces abeilles importées. Il y a aussi des espèces de champignons déjà bien repérées dans les populations d'abeilles maçonnes au Nord d'Amérique ainsi que d'autres parasites plus virulents qui arriveront dans les populations indigènes.
Il y a une forte possibilité que ces pathogènes vont s'étaler et toucher d'autres espèces d'abeilles solitaires et de bourdons qui partagent les mêmes fleurs et le même environnement.

La dangerosité de ces actes d'importation d'abeilles solitaires

Les abeilles solitaires et bourdons ont toujours assuré le fond de la pollinisation et la récolte des fruits, même si l'abeille à miel a été considérée comme l’héroïne de ce processus. Malheureusement les arboriculteurs ou particuliers qui acceptent ces cocons importés - sans connaître ou sans se soucier de leur provenance - courent le risque de perdre une partie d'autres espèces d'abeilles et d'insectes importants, comme les bourdons et les abeilles terricoles qui occupent déjà les espaces autour de leurs vergers.

Ces arboriculteurs risquent gros, pensant qu'ils vont augmenter leur récoltes avec la location ou l'achat de ces abeilles - des abeilles maçonnes (pour les arbres fruitiers) ou tapissières (pour la luzerne) - mais en fait ils iront potentiellement droit dans le mur en perdant une grande partie de leur patrimoine de pollinisatrices, touchées par des maladies inconnues. Au cours des années les vergers risquent de ne plus bourdonner...."

Au fur et mesure je vais publier les études scientifiques clefs qui soutiennent cette position (bientôt un sous-menu à droite).

Si vous voulez suivre les développements de notre débat et potentielle campagne contre le développement de ce trafic, vous pouvez me contacter et vous inscrire à une newsletter qui va bientôt traiter de ce sujet.

 

Le Temps des Roseaux

En automne et en hiver quand les plantes ne poussent plus, c'est le moment de récolter vos roseaux. Les tiges du 'Renouée du Japon' sont relativement sèches (la sèvre est descendue dans les racines) et celles des ombellifères sont mortes. Pour l'Osmiculteur c'est le moment de prendre les sécateurs, un sac et faire une balade dans la nature.

recolte-des-roseaux-en-hiverImportance et utilité des roseaux : à part les trous faits par les xylophages ou les fissures dans les rochers, les roseaux et tiges moelleuses qui se trouvent plier par le vent dans les haies au bord des champs et des bois, sont le choix des abeilles solitaires dans la nature. Elles cherchent les cavités pour créer leur cellules de pollen et nectar et pour leurs progénitures. L'exploitation, la stérilisation des terrains et l'élimination des haies vont sévèrement réduire ces milieux naturels et c'est pourquoi nous les accueillons dans nos bâtiments.

Les ombellifères : on peut les trouver facilement au bord des chemins moins taillés dans la campagne. Ils ne faut pas les couper avant qu'elles sèchent (la sèvre a une réputation d'être toxique - au moins pour les bestioles) car elles pourrissent rapidement avec l'humidité. Elles sont rarement en grande quantité, mais on peut trouver deux ou trois cavités utiles dans les plus grands spécimens d'un mètre cinquante. Elles sont assez fragiles et il faut vérifier qu'il n'y a pas de trous dans ces cavités. A cause de leur fragilité il est conseillé de les cueillir entre septembre et novembre avant que le vent les casse et gel dégrade les parois formés entre les nœuds. Après cette période il faut tourner votre attention au Renouée du Japon.

Le Renouée du Japon

renouer-de-japonC'est une plante invasive qui est un vrai casse-tête pour les cantonniers et les jardiniers. Ses racines vont loin dans la terre et sont très difficiles à éradiquer.  Dans plusieurs pays c'est illégal de cueillir leurs graines et/ou de les transplanter. Nous trouvons cette plante dans les zones désaffectées, les vieilles déchèteries, au bord des bois communaux ou à côté des lignes de chemins de fer. Cependant cette plante a deux qualités à noter - une source de nectar à la fin de l'été et le fait que c'est la plante idéale pour les tunnels d'abeilles solitaires ; on peut non seulement trouver des dimensions de tunnels parfaits pour les abeilles maçonnes et autres, mais les parois sont assez épaisses pour protéger leurs larves. Au moment du nettoyage des tunnels nous pourrons assez facilement en fendre ses murs pour voir à l'intérieur du nid sans en endommager le contenu. C'est à la fin de novembre que les tiges de renouée du Japon soient bien morts et la sèvre est partie.

Les dimensions idéales

Les abeilles solitaires du printemps (comme l'Osmia cornuta) peuvent remplir des roseaux de 30cm avec leurs cocons, mais 12 à 20 cm est suffisant.  Pour la largeur de l'intérieur du tunnel, 7 à 10 mm est parfait mais pour les roseaux qui ont plus de 2 mètres de longueur, le bas des tiges est toujours plus large en diamètre que le haut donc, en coupant judicieusement, on peut récolter entre 3 et 6 tunnels par tige de différentes dimensions.  Les abeilles sont capables de faire leurs nids dans des tunnels jusqu'à 20 mm de diamètre en créant deux ou même trois cellules côte à côte, mais seulement si le tunnel est assez long (15 cm+).

L'âge et la couleur des tigesage-des-roseaux_

Dans un bosquet de Renouée du Japon qui n'a pas été touché par un Osmiculteur, nous pourrons constater que les tiges de ces roseaux sont de couleur bordeaux à beige avec de l'écorce qui s'écaille.  La présence du bordeaux signifie que la tige ayant poussé pendant la dernière saison va produire des tunnels qui tiennent leur forme quand ils sont serrés dans les nichoirs. Quand les écailles se manifestent, la tige est morte.  La couleur va blanchir au fur et à mesure et après quelques années la tige se désintègre, les parois sont moins solides et les tunnels sont plus fragiles.

Les précautions et la coupe

Étant une plante invasive, la récolte des roseaux bordeaux se fait avec précaution, pour ne pas transporter les graines ni les racines chez soi. En collectant les roseaux en hiver le risque de transmission va être réduit, car toutes les graines sont détachées des tiges.

sac-de-roseauxPour couper, nous allons faire la première coupe autour du premier ou deuxième nœud hors-sol (pour bien laisser les racines en place), et suivre la tige vers le haut jusqu'au point ou la tige n'est plus droite et commence à se brancher.  C'est la zone de la plante où normalement les fleurs se produisent et la tige n'est plus droite et est de petites dimensions - les dimensions internes sont insuffisantes et surtout trop courtes pour les abeilles de printemps (5mm ou moins). La deuxième coupe de la tige sera faite à ce point là.

Après avoir couper une tige longue de 1 mètre - qui n'a pas de racines ni de graines - on peut faire des fagots et les transporter chez soi hors du froid pour tailler des tunnels individuels. En partant de la zone prenez soin d'éviter le transfert de graines chez vous, particulièrement si la zone de récolte est boueuse.

La taille du tunnel.

A l'intérieur du nœud il y a une paroi qui va servir comme le mur arrière du tunnel.  Sur la structure de la plante cette paroi est légèrement courbée vers le sol - quand le tunnel est à l'horizontale cette courbe est parfaite pour le premier stock de pollen ; l'abeille n'a pas besoin de façonner une surface courbée en terre, ce qui est le cas avec la plupart des tunnels artificiels. C'est pourquoi les abeilles adoptent les roseaux rapidement et nous trouvons une densité de cellules supérieure aux tunnels en papier ou en carton.

secateurs-coupant-roseaux-pres-de-paraois

Pour la coupe finale, notre objectif est de finir avec le maximum de tunnels de bonnes dimensions à mettre dans le Chalet. Avec le bas de la tige dans une main, nous allons couper (coté concave) à 5 mm du nœud - la solidité de la structure de la paroi va rester intacte.

secateurs-coupant-roseaux-au-milieu-d-un-paroiOn va continuer à couper des longueurs entre chaque nœud en s'assurant que chaque tunnel est au moins de 12 cm + et fermer d'un coté par un paroi intérieur. Si la longueur d'une cellule (entre deux nœuds) est moins de 12 cm nous avons l'option de couper après un nœud et casser la paroi du milieu (avec un crayon) pour faire un tunnel plus long. Vérifiez que ce paroi est bien éliminé pour ne pas gêner l'abeille et également que l'entrée du tunnel est propre sans bavures.

Notez qu'après une période pluvieuse les roseaux peuvent contenir de l'eau et il est judicieux de ne mettre que des roseaux secs dans votre nichoir. Par contre il est conseillé de faire la coupe finale avec les sécateurs avant que les roseaux perdre une certaine  souplesse (causée par l'humidité). Il est  possible de les couper avec une scie sauteuse.

La mise en place dans le chalet

Dès que tout est coupé et relativement sec, vous pouvez préparer vos abris pour le printemps, mais attendez l'arrivée des premiers abeilles (ou l'alerte de printemps) avant de mettre le nichoir dehors, pour offrir les nids les plus secs aux abeilles.

chalet-avec-renouer-de-japonN'oubliez pas que bien calculer la quantité de tunnels nécessaire pour chaque femelle que vous gérez, à 30cm par femelle (pour le détail de ces calculs rendez-vous dans la Zone d'Osmiculteur).

Vous voulez remplacer vos tunnels en papier par des roseaux,  j'ai un stock limité, ainsi que de nombreux chalets.